Quand Bolloré sort les ciseaux, Mediapart ressort le micro !

Après une quarantaine émissions consacrées, la saison dernière, à des romans, des spectacles, des films, des expositions, mais aussi des sujets allant du programme « Mondes nouveaux » à #MeToo Théâtre, « L’esprit critique » reprend du service dimanche 25 septembre.

Des navets hollywoodiens et des documentaires pointus, des expositions blockbusters et des monographies plus confidentielles, du théâtre classique et du nouveau cirque, un prix Goncourt et d’autres romans qui l’auraient mérité, des polémiques sans fin et des tensions mises sous le tapis…

Même si c’est avec un tropisme parisien encore malheureusement trop présent, dans le domaine des arts visuels notamment, « L’esprit critique » a tenté, pendant un an, de rendre compte non de l’actualité culturelle de façon exhaustive mais des débats esthétiques et politiques qui traversent le monde des arts ou devraient percuter le monde de la culture.  

Le contexte qui avait présidé à la volonté de Mediapart de s’appuyer sur son indépendance éditoriale et économique pour vous proposer un nouveau podcast, à savoir le double constat de la réduction de l’espace critique sur le service public et les effets de la concentration accrue des industries culturelles, est encore plus flagrant en cette rentrée 2022 que l’an dernier.  

France Culture, qui avait déjà arrêté son émission quotidienne de débat critique (La Dispute), a mis fin à la tranche hebdomadaire de confrontation qui existait jusqu’à l’an dernier (La Grande Table critique). Et, du haut de son histoire fondatrice, Le Masque et la Plume, de France Inter, ressemble davantage à un spectacle en lui-même qu’à un espace de discussion des spectacles, livres, films ou expositions qui nous sont donnés à voir.

Quant à la mainmise des milliardaires sur les médias et les industries culturelles, de plus en plus concentrées d’amont en aval, elle n’a cessé de se renforcer, en dépit de la fusion récemment avortée entre TF1 et M6, comme de celle entre Editis et Hachette. Et de produire des effets : priorité donnée à la communication sur les contenus, mais aussi autocensure et censure, comme la décision du très sérieux groupe d’édition Le Robert d’annuler purement et simplement la sortie d’un ouvrage contenant une phrase de l’humoriste Guillaume Meurice qui aurait pu sonner de façon désagréable aux oreilles de Vincent Bolloré, le propriétaire du groupe Editis qui détient Le Robert.

Renouveler les voix critiques, dans un moment où le service public s’en désintéresse et les industries culturelles cherchent à les contrôler, constitue donc toujours une urgence et « L’esprit critique » continuera donc à rajeunir, diversifier et féminiser les voix qui soutiennent le débat critique.

Dans l’idée de parler autant de blockbusters que de petites pépites, d’ambition esthétique que de culture populaire, « l’esprit critique » s’ouvrira d’ici la fin de l’année à d’autres champs culturels : BD, jeux-vidéos, musique... 

Avec la même volonté de ne pas réduire les échanges à l’affrontement surjoué de goûts subjectifs et surplombants, ou à un discours plaqué de l’extérieur sur les œuvres, mais en rendant compte des controverses qui ne cessent de bousculer l’actualité de la culture.   

Si vous êtes donc lassés de la confusion entre actualité culturelle et promotion du même nom. Si vous doutez de la sincérité de certains journaux et radios quand ils parlent de films ou de livres produits par des maisons appartenant aux mêmes groupes industriels qu’eux. Si vous êtes agacés d’entendre la parole critique sur les œuvres monopolisée par les mêmes voix depuis des années, podcastez dès maintenant L’Esprit critique disponible sur Mediapart, mais également sur toutes les plateformes de streaming : Apple podcast, spotify, deezer…